Son principal objectif était de garantir la protection et le rétablissement des espèces menacées en s’appuyant sur les meilleures données scientifiques disponibles à l’époque.
Cependant, le temps a montré que les dynamiques de gestion des espèces sous l’ESA, telles que celles de l’ours Grizzly dans le Grand Ecosystème de Yellowstone, se sont considérablement transformées.
Ce qui était autrefois dominé par les décisions scientifiques a lentement glissé vers un arène fortement influencée par la politique partisane, les délais administratifs, et les intérêts politiques divergents, selon une publication récente dans la revue Frontiers in Conservation Science.
Cette évolution met en lumière comment la survie de l’ESA, utilisée comme référence en matière de politique de conservation à travers le monde, pourrait être tributaire de notre capacité à naviguer dans ces eaux tumultueuses.L’histoire de l’ours Grizzly illustre parfaitement cette mutation.
Classé comme espèce menacée en 1975, après une réduction dramatique de sa population et de son territoire, la situation de l’ours s’est améliorée au point que sa population dépasse maintenant les 700 individus dans le Grand Ecosystème de Yellowstone, surclassant ainsi les objectifs de récupération fixés par le US Fish & Wildlife Service.
Officiellement, cette réussite devrait lui permettre d’être retiré de la liste des espèces menacées mais les efforts en ce sens en 2007 et 2017 ont été bloqués par des décisions judiciaires.
Ces revers judiciaires mettent en évidence que le processus de délistage est devenu un symbole de luttes politiques, plutôt qu’une décision basée sur des avancées scientifiques claires.
Tout au long de ce débat, les voix influentes ne sont plus celles des scientifiques mais plutôt celles des législateurs, des avocats défenseurs de l’environnement et des organisations non gouvernementales, mettant en exergue un glissement du discours autour de la conservation de la faune vers la sphère politique et juridique.