Récemment, des fonds d’investissement de premier plan, comme Elliott Investment Management, ont exercé des pressions considérables sur des entreprises renommées telles que Starbucks et Southwest Airlines, les incitant à revoir leur gouvernance et leurs pratiques opérationnelles.
Toutefois, il existe un autre type d’actionnaire activiste qui mérite d’être examiné de plus près.
Jonathan Cohn, professeur agrégé de finance à l’Université du Texas à McCombs, introduit le concept de « quasi-insider ».
Ce groupe se compose d’anciens dirigeants—PDG, directeurs ou fondateurs—qui, bien qu’ayant quitté leur entreprise pour diverses raisons, possèdent encore une part significative des actions.
Grâce à leur connaissance intime des rouages internes de l’entreprise, leur influence peut s’avérer particulièrement décisive.Les recherches menées par Cohn révèlent que les initiatives d’actionnaires quasi-insiders sont à la fois fréquentes et souvent efficaces.
Dans un article intitulé « Activisme des actionnaires quasi-insiders : gouvernance d’entreprise à la périphérie du contrôle », Cohn analyse une vaste base de données sur l’activisme des actionnaires, mettant en lumière une tendance préoccupante mais fascinante.
De 1995 à 2021, 327 quasi-insiders ont été impliqués dans environ 280 campagnes publiques, et les résultats sont remarquants : 43 % de ces campagnes ont atteint leur objectif principal, comme la prise de contrôle du conseil d’administration.
Cette efficacité, notée par Cohn comme « étonnamment élevée », s’accompagne souvent d’une réaction favorable du marché, les actions des sociétés ciblées enregistrant une augmentation moyenne de 3,9 % après l’annonce de la campagne.Contrairement aux investisseurs institutionnels comme Elliott, les quasi-insiders tendent à concentrer leurs efforts sur des petites entreprises en difficulté financière.
Cohn explique que ces entreprises, bien que moins attrayantes pour les fonds spéculatifs, deviennent des terrains propices à l’activisme des quasi-insiders.
Des exemples notables incluent des sociétés telles que Humana, Hewlett-Packard et Darden, mais un cas typique est celui de Destiny Media Technologies.
Après avoir été écarté de son poste de PDG en 2017, son fondateur a tenté de revenir au conseil d’administration, arguant d’une gestion défaillante, bien que cette tentative ait échoué.
Ce phénomène de rivalité personnelle, souvent alimenté par des egos surdimensionnés, suggère que ces conflits ne sont pas simplement stratégiques, mais également émotionnels.Pour se prémunir contre les risques posés par ces campagnes, Cohn recommande aux entreprises de maintenir une relation constructive avec leurs anciens dirigeants tout en gardant à l’esprit que leur expérience et leurs idées peuvent être précieuses.
Enessayer de rester en bons termes avec ceux qui ont été au cœur de l’entreprise à un moment donné, la direction pourra à la fois minimiser les conflits et profiter de précieux retours.
Ce faisant, les entreprises peuvent naviguer habilement à travers le paysage tumultueux de l’activisme actionnarial, reliant ainsi passé, présent et avenir dans un environnement d’affaires de plus en plus compétitif.