La question clé était : les gens boivent-ils moins ou davantage depuis que le cannabis est devenu légal?
Cette dynamique soulève des implications à la fois sanitaires et économiques.
D’une part, une diminution de la consommation d’alcool pourrait survenir si les individus choisissent de consommer du cannabis en lieu et place de l’alcool, ce qui pourrait potentiellement atténuer les problèmes de santé liés à la consommation excessive d’alcool.
Toutefois, une telle tendance risquerait de nuire aux producteurs d’alcool en faveur d’une industrie du cannabis en plein essor.
À l’inverse, certains consommateurs pourraient augmenter leur consommation d’alcool en parallèle de leur utilisation de cannabis, ce qui pourrait favoriser les revenus du secteur de l’alcool tout en exacerbant les risques pour la santé liés à la combinaison des deux substances.
Face à cette incertitude, certaines entreprises ont décidé de diversifier leurs activités.
Par exemple, un fabricant d’alcool a acquis une société productrice de cannabis, tandis qu’une entreprise de cannabis a acheté plusieurs brasseries.
Les recherches aux États-Unis sur la relation entre la consommation d’alcool et celle de cannabis ont donné des résultats inconstants.
Certaines études ont montré une baisse de la consommation d’alcool dans les États où le cannabis a été légalisé, tandis que d’autres n’ont constaté ni diminution ni augmentation significative.
Ces résultats contradictoires pourraient être influencés par la complexité du cadre légal aux États-Unis, où le cannabis demeure illégal au niveau fédéral, malgré sa légalisation dans certains États.
Au Canada, des études ont observé une légère diminution de la consommation d’alcool concomitante à la montée en popularité du cannabis médical.
La question qui se pose est de savoir si cette tendance s’est poursuivie après la légalisation du cannabis récréatif.
Pour approfondir cette problématique, nous avons étudié les ventes d’alcool au Canada en collaboration avec une équipe de chercheurs en sciences de la santé.
Nos analyses, basées sur les données de vente de boissons alcoolisées de 2004 à 2022, ont révélé une stabilité globale, bien que les ventes de bière aient diminué tandis que d’autres types de boissons alcoolisées ont vu leurs ventes augmenter.
Ce phénomène semble indiquer un changement de préférences parmi les consommateurs, sans que la légalisation du cannabis en 2018 n’affecte de manière significative les ventes globales.
En Nouvelle-Écosse, un contexte distinct a été mis en place, où certains magasins d’alcool ont par ailleurs commencé à vendre du cannabis, contrairement à la plupart des autres provinces qui ont interdit cette pratique.
Cette spécificité nous a permis d’observer 34 mois de ventes d’alcool avant et après la légalisation.
Nos résultats indiquent que, bien qu’il y ait eu une baisse initiale des ventes d’alcool dans certains magasins dédiés à l’alcool, les points de vente qui incorporaient également le cannabis ont enregistré une hausse.
Ce phénomène pourrait suggérer que certains consommateurs ont cherché à amalgamer leurs achats d’alcool et de cannabis.
Alors que nous poursuivons nos recherches pour explorer les implications à long terme de la légalisation du cannabis, il est essentiel de comprendre comment les habitudes de consommation évoluent et comment elles pourraient influencer les choix des nouvelles générations.