Une étude récente publiée dans la revue One Earth met en lumière des idées novatrices sur la manière dont les écosystèmes s’effondrent, proposées par une équipe de recherche dirigée par le professeur John Dearing de l’Université de Southampton.
En collaboration avec des spécialistes de Rothamsted Research, de l’Université de Bangor et de l’Université d’Édimbourg, cette étude remet en question l’idée largement répandue selon laquelle les points de basculement climatiques se produisent toujours de manière abrupte.
Les résultats suggèrent qu’il existe des systèmes terrestres vastes qui peuvent subir des effondrements progressifs, souvent invisibles, ce qui soulève des préoccupations majeures pour la politique climatique et la résilience de notre planète.
Le professeur Simon Willcock, de Rothamsted Research, affirme que certains systèmes se manifestent par des changements fréquents tandis que d’autres évoluent discrètement, le tout témoignant de la complexité des interactions au sein des écosystèmes.Pour explorer cette dynamique, les chercheurs se sont appuyés sur une comparaison avec des matériaux magnétiques.
En laboratoire, ces matériaux peuvent être déplacés entre divers états par l’application de champs externes, ce qui reflète comment les écosystèmes réagissent sous pression environnementale.
L’étude révèle que des matériaux à structure plus homogène et simple affichent des transitions abruptes et irréversibles, tandis que des matériaux plus complexes subissent des changements progressifs.
Cette analogie aide à comprendre pourquoi certains grands systèmes, comme les forêts tropicales ou les courants océaniques, peuvent apparaître stables tout en se réorganisant lentement sous le stress environnemental.
Les auteurs mettent en garde contre les dangers d’une inaction face à ces signes précurseurs.
Ils avertissent que le stress environnemental, s’accumulant silencieusement, pourrait mener à des effondrements soudains, tout comme des grenouilles dans une eau qui chauffe doucement.
Dearing conclut que les écosystèmes pourraient déjà passer par des points de basculement sans que nous en ayons conscience, soulignant ainsi l’urgence de mieux comprendre ces phénomènes pour agir efficacement.