La montée des lancements de fusées et la menace sur la couche d’ozone
La Falcon Heavy, un lanceur réutilisable développé par SpaceX, a effectué son premier vol le 6 février 2018, marquant une étape importante dans l’exploration spatiale.
Cependant, l’augmentation rapide du nombre de lancements de fusées soulève des inquiétudes quant à leur impact environnemental, notamment sur la couche d’ozone essentielle à la vie terrestre.
Selon Sandro Vattioni, les effets de cette intensification des lancements sur la régénération de la couche d’ozone ont été largement sous-estimés, et il est urgent d’adopter des mesures préventives coordonnées pour atténuer cette menace.Ces dernières années, le ciel s’est rempli de satellites issus de constellations en expansion, une conséquence directe d’une industrie spatiale dynamique.
Si cet essor offre de nouvelles perspectives, il présente également des risques environnementaux indéniables.
Lors des lancements, les fusées et les débris spatiaux émettent des polluants dans l’atmosphère haute, où ils peuvent nuire à la couche d’ozone, qui joue un rôle crucial dans la protection de la Terre contre les rayonnements ultraviolets nocifs.
Bien que des études aient commencé à explorer les effets de ces émissions il y a plus de 30 ans, leur impact passe désormais pour plus significatif, notamment avec les prévisions de croissance explosive du nombre de lancements, qui pourraient atteindre 258 d’ici 2024, soit une augmentation de 165% par rapport à 2019.L’urgence d’une action concertée
La recherche sur les émissions des fusées et leur impact sur l’ozone a été renforcée par des collaborations internationales, notamment une étude dirigée par Laura Revell de l’Université de Canterbury.
En utilisant des modèles climatiques avancés, les scientifiques ont projeté que si les lancements annuels atteignent 2 040 d’ici 2030, la diminution de l’ozone global pourrait atteindre près de 0,3%, avec des baisses saisonnières de 4% au-dessus de l’Antarctique.
Bien que ces chiffres puissent sembler modestes, ils apparaissent dans un contexte où la couche d’ozone se remet toujours des dommages antérieurs causés par des substances comme les chlorofluorocarbures (CFC).
Les émissions de fusées, qui échappent actuellement à toute réglementation, pourraient compromettre cette récupération pendant des années, voire des décennies.D’autres facteurs, tels que le choix du carburant et les émissions générées lors de la rentrée des satellites, complètent ce tableau complexe.
Les fusées utilisant des combustibles solides libèrent du chlore, un polluant redoutable pour la couche d’ozone.
Bien que les carburants cryogéniques soient moins nocifs, leur utilisation reste marginale en raison de leur complexité technique.
À l’avenir, les émissions liées à la rentrée de satellites pourraient en outre aggraver le problème et être davantage prises en compte dans les modèles atmosphériques.
Pour garantir la récupération de la couche d’ozone, une vision collective et des actions concrètes sont donc indispensables.Une voie vers une industrie spatiale responsable
En somme, il est possible de développer une industrie spatiale durable qui minimise les effets néfastes sur la couche d’ozone.
Cela implique une surveillance rigoureuse des émissions des fusées, une réduction de l’utilisation de combustibles polluants et la promotion de systèmes de propulsion plus propres.
Des réglementations adaptées et une coopération internationale, à l’image du Protocole de Montréal sur les CFC, s’avèrent cruciales pour protéger notre stratosphère.
Alors que nous entrons dans une nouvelle ère d’activités spatiales, il est vital que la communauté mondiale travaille de concert pour prévenir les dérives qui pourraient compromettre la santé de notre atmosphère et, par extension, de notre planète.