La Proliferation du Cyberharcèlement : Une Préoccupation Croissante
Le cyberharcèlement, forme numérique de l’intimidation, progresse à un rythme alarmant, surpassant celui des formes de harcèlement traditionnel.
Cette situation est particulièrement préoccupante pour les jeunes, les femmes, et les membres des communautés lesbienne, gay, et bisexuelle, selon une étude menée par des chercheurs de l’University College London (UCL).
Publiée dans le British Journal of Criminology, cette recherche s’appuie sur des données représentatives au niveau national, tirées de la Crime Survey pour l’Angleterre et le Pays de Galles (CSEW).
Elle analyse la prévalence et la perception du cyberharcèlement sur une période de huit ans, de 2012 à 2020.
Les résultats révèlent que la proportion de répondants ayant subi un cyberharcèlement est passée de 1% à 1,7%, indiquant une augmentation significative du phénomène.
Ce chiffre démontre que, bien que le cyberharcèlement demeure moins fréquent que le harcèlement physique, son impact psychologique est profondément ressenti, même si de nombreuses victimes ne le considèrent pas comme un crime.Les recherches montrent que près de la moitié des victimes de cyberharcèlement minimisent la gravité de leur expérience, la percevant comme « erronée mais pas criminelle ».
Cette perception erronée souligne une importante lacune dans la reconnaissance publique et légale de ce type d’infraction.
Le Dr Leonie Tanczer, l’une des principales auteures de l’étude, a souligné que cette méconnaissance pourrait avoir des conséquences qui affectent la capacité des victimes à rechercher de l’aide.
Alors que le harcèlement a été défini comme une infraction pénale spécifique en 2012, le cyberharcèlement reste flou dans son cadre légal, souvent assimilé à des comportements menaçants via des plateformes en ligne.
Cela crée un besoin urgent de sensibilisation et d’éducation pour mieux protéger les individus contre ces actes malveillants.Les Groupes les Plus Touchés et Nécessité d’une Réponse Adaptée
Les résultats de l’étude mettent également en évidence que certaines tranches de la population sont davantage touchées par le cyberharcèlement.
Par exemple, les jeunes âgés de 16 à 24 ans montrent une prévalence de 2,4%, contre 1,0% chez les personnes âgées de 45 à 59 ans.
De même, les femmes et les personnes issues de la communauté LGBTQ+ subissent des taux de victimisation nettement plus élevés, les femmes étant presque deux fois plus susceptibles de vivre toutes formes de harcèlement par rapport aux hommes.
L’importance de cette recherche réside également dans la remarque que même si les jeunes sont les plus touchés, ils sont paradoxalement les moins enclins à considérer leurs expériences sous l’angle criminel.
Cela plaide pour une adaptation des politiques publiques et des lois afin de mieux inclure et protéger ces groupes vulnérables contre le cyberharcèlement.Face à cette menace croissante, les chercheurs affirment la nécessité d’une meilleure éducation du public, d’une définition juridique plus claire des infractions liées au cyberharcèlement, ainsi que d’un soutien renforcé pour les victimes.
Le Dr Madeleine Janickyj a fait part d’une déconnexion entre l’expérience vécue par les victimes et la façon dont ces comportements sont perçus et traités légalement.
Ces conclusions appellent à une révision des procédures d’enregistrement des crimes, notamment en ce qui concerne les infractions en ligne, pour mieux appréhender l’ampleur réelle du phénomène.
En fin de compte, une mobilisation collective s’avère cruciale pour combattre le cyberharcèlement et protéger les individus, notamment les jeunes et les femmes, qui sont les plus exposés à ce fléau numérique.