» Les anciens, à l’image de Crinagoras, n’étaient pas indifférents aux désastres naturels.
Ils ont laissé derrière eux des récits qui, bien que souvent tragiques, offrent un aperçu précieux de leur compréhension et de leur expérience face à ces événements dévastateurs.
L’un des témoignages les plus évocateurs d’un tremblement de terre provient des écrits d’Ammien Marcellin, un historien romain du IVe siècle.
Dans son récit du tremblement de terre survenu le 24 août 358, à Nicomédie, il décrit comment la ville fut anéantie et ses habitations réduites en décombres.
Les conséquences furent catastrophiques : des milliers de personnes trouvèrent la mort, d’autres se retrouvèrent piégées sous les débris, rendant leur sort tragiquement incertain.
Ammien rapporte que certains survivants, blessés et désespérés, imploraient de l’aide, mais restaient impuissants face à l’ampleur des destructions.
Ce récit, avec son mélange de désespoir et de souffrance humaine, traduit la cruauté de telles catastrophes, frappant non seulement les villes, mais aussi les vies et les espoirs de ceux qui y résidaient.
À travers l’histoire, plusieurs tremblements de terre et tsunamis ont marqué les civilisations grecque et romaine.
L’événement de 464 avant J.-C.à Sparte fut décrit comme le plus puissant jamais enregistré.
Plutarque, dans ses écrits, raconte comment des gouffres se formèrent, engloutissant des villes et rasant presque entièrement la cité.
De même, à la fin du VIIe siècle avant notre ère, les cités côtières d’Hélice et de Bura furent englouties par des vagues dévastatrices, une tragédie immortalisée par un poète anonyme qui évoque le silence funeste de ces cités sous l’eau.
D’autres calamités, comme le tsunami du 21 juillet 365, témoignent de la terrible force de la nature, capable de dévaster des vies en un instant.
Ammien dépeint ce désastre avec une intensité choquante, décrivant des milliers de victimes noyées, des navires projetés sur des terres éloignées, tout en mettant en avant le bruit assourdissant qui accompagnait ces événements, que d’éminents auteurs comme Pline l’Ancien ont qualifié de « beuglement terrifiant ».
Ces récits sont les reflets d’une époque où la compréhension des catastrophes naturelles était encore embryonnaire, mais où la fascination et la peur demeuraient palpables.
Les anciens Grecs et Romains cherchaient désespérément à décoder les causes de ces phénomènes destructeurs.
Tandis que certains attribuaient les tremblements de terre à Poséidon, le dieu de la mer, d’autres se tournaient vers la terre elle-même.
Par exemple, le philosophe Anaximène du VIe siècle avant J.-C.proposait que des mouvements tectoniques sous la surface de la terre étaient responsables de ces secousses.
Cependant, malgré leur germination de théories, leur compréhension était limitée et bien éloignée de nos connaissances modernes sur les plaques tectoniques et la dérive continentale, concepts qui ne verront le jour qu’au XXe siècle grâce aux recherches d’Alfred Wegener et d’autres.
Des siècles plus tard, bien que notre compréhension scientifique des tremblements de terre et des tsunamis se soit nettement améliorée, leurs occurrences demeurent un défi de taille.
Les anciens, contraints de subir la fureur des éléments, laissaient entendre dans leurs écrits la fatalité de leur condition face aux forces de la nature.
Ils vivaient dans une conscience aiguë que ces catastrophes font partie intégrante de l’expérience humaine, comme l’a justement formulé un auteur anonyme dans son traité sur le cosmos.
Les tremblements de terre, les tempêtes et autres fléaux demeurent des réalités que nous devons affronter, rendant d’autant plus précieuse l’héritage intellectuel et culturel laissé par ces civilisations passées.