Une Perspective sur la Socialisation des Gorilles : Des Liens qui Comptent
La socialisation au sein d’un groupe, qu’il soit humain ou animal, peut s’avérer complexe.
De récentes études sur les gorilles de montagne, menées sur plus de 20 ans par le Fonds Dian Fossey Gorilla au Rwanda, révèlent que les femelles gorilles privilégient des connexions préexistantes lorsqu’elles intègrent un nouveau groupe.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces gorilles ne choisissent pas simplement d’autres groupes en fonction de critères tels que la taille ou le sex-ratio.
En réalité, leur choix est fortement influencé par des expériences sociales passées, notamment en évitant les mâles avec lesquels elles ont grandi tout en recherchant activement des femelles connues.
Cela suggère une stratégie d’évitement de la consanguinité, tant au niveau individuel qu’en ce qui concerne le maintien de la diversité génétique au sein des populations.Dans le cadre de cette étude, l’auteur principal Victoire Martignac, doctorante à l’Université de Zurich, souligne l’importance de la familiarité dans le choix des groupes.
Les femelles gorilles, ne connaissant pas avec certitude l’identité de leurs pères, auraient tendance à éviter les groupes comportant des mâles de leur enfance, puisque cela augmenterait le risque de liens de parenté.
Martignac explique également que, même si les gorilles peuvent se déplacer plusieurs fois entre différents groupes, elles évitent systématiquement de s’associer à ceux qu’elles connaissent bien, ce qui témoigne de la complexité des relations sociales entre eux.Une Importance Cruciale des Relations Sociales
L’étude révèle que ce n’est pas uniquement la familiarité qui compte : la présence de femelles ayant partagé au moins cinq ans au sein d’un groupe s’avère également déterminante.
Ces relations préexistantes atténuent la peur associée à l’intégration d’un nouveau groupe, offrant ainsi un soutien social essentiel dans le cadre d’un environnement social hiérarchique.
Le Dr Robin Morrison, co-auteur de l’étude, signale aussi que ces liens féminins peuvent agir comme de véritables "recommandations d’ami".
Si une femelle connue choisit de rester au sein d’un groupe, cela pourrait indiquer un environnement positif, tant sur le plan social que génétique.Les recherches mettent en lumière la nature profondément sociale des gorilles.
Contrairement à une vision simpliste de la dispersion, les gorilles maintiennent des relations bien au-delà des frontières de leur groupe d’origine.
Cette flexibilité relationnelle rappelle les dynamiques sociales humaines, où les individus naviguent souvent entre différents groupes, villes et environnements sociaux.
Ces résultats soulignent l’importance des relations établies non seulement pour les individus qui se dispersent, mais également pour le maintien de la structure sociale dans son ensemble.
Les liens formés au sein de ces réseaux étendus pourraient avoir joué un rôle prépondérant dans l’évolution des sociétés plus complexes, tant chez les gorilles que chez les humains.Ainsi, la recherche à long terme se révèle essentielle pour comprendre la dynamique sociale des gorilles.
Seule une observation prolongée permet d’appréhender les subtilités des interactions sociales et d’interpréter efficacement les comportements complexifiés par des années de relations intergroupes.