Une Défense Sombre : Comment Nos Cellules Protégeraient Leur ARN
Le système immunitaire humain réagit de manière agressive à la présence d’ARN nu, souvent considéré comme un signe d’invasion virale ou bactérienne.
Toutefois, il est crucial de noter que l’ARN est également présent dans nos propres cellules.
Pour éviter une réaction immunitaire indésirable, celles-ci encapsulent leur ARN dans des structures sucrées.
C’est ce que révèle une étude menée par Vijay Rathinam et son équipe de la UConn School of Medicine, ainsi que Ryan Flynn de l’hôpital pour enfants de Boston, publiée dans la revue Nature.L’acide ribonucléique (ARN) est une molécule biologique essentielle, jouant un rôle vital dans toutes les formes de vie, y compris chez les virus et les bactéries.
En effet, des agents pathogènes variés, tels que ceux responsables de la grippe ou du SARS-COV-2, portent également de l’ARN, ce qui déclenche une réaction immédiate du système immunitaire.
Cependant, une question émerge : comment notre organisme fait-il la distinction entre l’ARN d’origine externe et celui produit par nos propres cellules, surtout lorsque cet ARN peut parfois apparaître à la surface des cellules, éveillant ainsi la curiosité du système immunitaire ?Des recherches antérieures ont montré que le corps humain a la capacité d’ajouter des sucres à l’ARN.
Ces structures sucrées, appelées glycorns ou ARN glycosylés, sont présentées à la surface des cellules, sans que cela n’entraîne de réponse immunitaire.
Cela a amené Rathinam et ses collaborateurs à se demander si ces sucres agissaient comme un camouflant, permettant à notre propre ARN d’échapper à l’attention indésirable des cellules immunitaires.
La découverte a pris une ampleur significative lorsque Vincent Graziano, doctorant sous la direction de Rathinam, a isolé des glycorns à partir de cultures cellulaires et a constaté que, lorsque les sucres étaient retirés, l’ARN était alors attaqué par le système immunitaire.Ainsi, cette recherche pourrait également apporter des éclairages précieux sur certaines maladies auto-immunes, telles que le lupus, qui se caractérisent par des réactions indésirables à l’ARN provenant de cellules mortes.
Comprendre comment la glycosylation de l’ARN permet à notre corps de masquer sa propre information génétique pourrait ouvrir des voies nouvelles pour traiter ou prévenir des maladies où le système immunitaire joue un rôle défaillant.
Les scientifiques envisagent donc de vérifier si cette stratégie pourrait mal fonctionner dans certains cas, afin de déterminer comment la restaurer, offrant ainsi un nouvel espoir pour la recherche médicale.