Dans une étude récente, Brittney Miles, professeur de sociologie à l’Université de l’Illinois Urbana-Champaign, a mis en lumière le lien étroit entre la beauté des femmes noires et leurs vécus sociaux et politiques.
Lors de ses recherches, elle a interrogé 39 femmes noires issues de diverses cultures, ethnies, orientations sexuelles et tranches d’âge, afin d’explorer leurs perceptions et pratiques en matière de mode et de beauté.
Malgré leurs différences, toutes ces femmes ont convergé vers une définition de la "Beauté Noire" en tant que réponse à un monde qui tend à les rendre invisibles.Miles souligne que la beauté et la mode des femmes noires ne sont pas de simples préoccupations esthétique, mais des moyens puissants d’affirmer leur identité et de résister aux injustices.
Historiquement, les normes de beauté ont souvent renforcé des hiérarchies sociales injustes, mais ces femmes ont développé un riche héritage d’usage stratégique de leur apparence pour revendiquer leur place dans la société.
Cette notion de "résistance incarnée" se manifeste à travers des actes de défi, comme ceux de femmes noires libres au 18e siècle qui, défiant les lois qui limitaient leur statut social, ont transformé le port de leurs cheveux en un acte de résistance.L’étude de Miles, publiée dans la revue Critical Studies in Fashion and Beauty, utilise des techniques innovantes comme la photo-élucidation.
Les participantes ont partagé des images significatives de leurs expériences, souvent liées à des moments de militantisme.
Par exemple, certaines femmes ont choisi de se photographier dans des tenues symboliques, arborant des tissus lumineux et des messages politiques, affirmant visuellement ainsi leur engagement pour la justice sociale.
Cette pratique est révélatrice de la façon dont la beauté peut devenir une plateforme pour exprimer des luttes personnelles et collectives, tout en ouvrant une discussion plus large sur les perceptions de la beauté noire dans un contexte de lutte contre le racisme et la misogynie.L’étude illustre ainsi comment la beauté des femmes noires est entremêlée à des récits historiques et politiques, servant de tremplin pour leur auto-affirmation et leur résistance face aux préjugés.
Le travail de Brittney Miles permet non seulement de documenter ces expériences variées, mais également d’éclairer la manière dont les normes de beauté peuvent être redéfinies et revendiquées par celles qui les subissent.